Je suis en train de regarder le spectacle d'intronisation - faut appeler les choses par leur nom - de François Hollande comme candidat du PS. C'est surréaliste. Les discours des candidats malheureux à l'investiture invités à prendre la parole pour faire allégéance au nouveau Roi en faisant concours de flatterie, ça a un petit côte féodal qui n'est pas sans charme. Entendre le candidat parler de l'histoire du PS "de plus d'un siècle", ça ne peut que laisser dubitatifs ceux qui se souviennent que le PS n'a été créé qu'en 1972. Voir en préface au discours du candidat une vidéo "nostalgie" avec des images de l'élection de François Mitterrand en 1981 associées à celles des manifestations ouvrières - quand on sait ce qu'est devenue la politique du PS au pouvoir après 1983 - oblige à conclure que le PS a beaucoup oublié et rien appris.
Mais le pire, ce fut le discours du candidat lui-même. Un discours sans grâce, sans le moindre travail sur la forme. Pas un seul subjonctif, pas une phrase avec des subordonnées. Sujet, verbe, prédicat. Sujet, verbe, prédicat. Sujet, verbe, prédicat. Et ainsi de suite jusqu'à la nausée. Un discours attrappe tout dans lequel on trouve pêle-mêle mongénéral et mai 68, Mitterrand et les Indignés, Fabius et Rocard. Un discours, finalement, truffé de références à Mitterrand et aux différents Mitterrand Boys - en évitant soigneusement de raconter comment l'histoire s'était terminée. Avec une conclusion charmante dans son ironie involontaire: "la France ne serait pas aujourd'hui ce qu'elle est sans eux". C'est bien vrai, ça !
Les socialistes sont unis, et ils vont gagner. Ils sont unis parce que le parfum délicieux du maroquin ministériel est dans l'air. Ils savent qu'ils peuvent gagner. Et ils savent qu'ils ont tous intérêt à gagner, parce que François Hollande est - contrairement à Segolène Royral - quelqu'un à qui on peut faire confiance pour partager le butin et donner sa part à chacun. Et ils vont gagner parce que, à moins d'un miracle qu'on ne peut jamais exclure, Sarkozy est pris dans une spirale de l'échec et aura beaucoup de mal à rétablir la situation. Et ils vont gagner parce que Hollande correspond parfaitement à notre époque: un médiocre "raisonnable" qui ne fait peur à personne parce qu'il promet de ne rien faire de nouveau, parce qu'il n'a pas une idée à lui.
On a envie de paraphraser la phrase attribuée à Churchill: "un taxi vide arriva a la cour de l'Elysée, et M. Hollande en descendit". Pauvre de nous.
Descartes
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