Tous les ans, on célèbre le 8 mars la journée de la femme. Malheureusement, cette journée qui au départ devait être l'occasion de sensibiliser les gens à la question de l'égalité entre les sexes est devenue, sous la pression des féministes "différentialistes" ( ou "féministes de genre", comme les appellent certains en reprenant une expression venue des Etats-Unis) une opportunité pour certaines femmes de proclamer leur haine du "mâle" avec la complicité active ou passive d'une bonne partie de l'establishment intellectuel et médiatique. Cela donne souvent des textes passablement ridicules, ou les auteurs - je refuse d'écrire "auteure" - font preuve d'un sexisme naïf et borné qui, s'il était pratiqué par des gens de l'autre sexe, leur vaudrait probablement d'être cloués au pilori sinon des poursuites judiciaires.
Comme il vaut mieux en rire, je me permets de fêter le 8 mai à ma manière, en vous proposant les textes le plus délirant que j'ai pu me procurer cette année. Et la palme va... au PCF et son "Collectif Fier-e-s et Révolutionnaires" (sic). Voici le texte du communiqué, publié sur le site du PCF:
Le collectif Fier-e-s & Révolutionnaires soutient la Journée internationale de luttes pour les droits des femmes, qui rejoint bon nombre de ses propres combats. Les inégalités de traitements et violences subies par les femmes et les LGBT dans notre société sont intimement liées à une tradition sexiste et machiste, qui évolue dans ses formes plutôt qu’elle ne recule réellement. Le démantèlement de notre système éducatif par la droite sakozyste constitue, à cet égard, un facteur aggravant. Le PCF et son collectif Fier-e-s & Révolutionnaires est partie prenante du combat des lesbiennes qui font l’objet d’une double discrimination, à la fois en tant que femmes et en tant que minorité sexuelle, en France et à l’étranger. Il en est de même pour les personnes trans. Dans le cadre de la dynamique de campagne du Front de Gauche, Fier-e-s & Révolutionnaires porte les revendications du programme « L’Humain d’abord » pour la création d’un ministère des Droits des femmes et de l’Égalité. Le PCF et son collectif lutte pour la mise en place d’instances partenariales en faveur de l’égalité professionnelle hommes/femmes, pour le vote d’une loi-cadre contre les violences faites aux femmes, dont la marchandisation de leur corps – abolition de la prostitution et refus des mères-porteuses- et pour l’accès à la procréation médicalement assistée en faveur des lesbiennes.
Rigolo, non ? Moi, j'ai particulièrement aimé la phrase suivante: "Les inégalités de traitements et violences subies par les femmes et les LGBT dans notre société sont intimement liées à une tradition sexiste et machiste, qui évolue dans ses formes plutôt qu’elle ne recule réellement. Le démantèlement de notre système éducatif par la droite sakozyste constitue, à cet égard, un facteur aggravant". Déjà, l'expression "les femmes et les LGBT" est assez comique, étant donné que les "L" sont des femmes. Mais plus profondément, j'avoue avoir beaucoup de mal à saisir le rapport entre "le démantèlement de notre système éducatif par la droite sarkozyste" et "les inégalités de traitement et les violences subies par les femmes et les LGBT". Sans compter sur l'oxymore que constitue un "ministère des droits des femmes et de l'égalité": comment un ministre qui aurait l'égalité pour mission pourrait s'occuper des droits des femmes seulement ?
Je suis aussi un peu désorienté par cette idée du "combat des lesbiennes qui font l’objet d’une double discrimination, à la fois en tant que femmes et en tant que minorité sexuelle".
Pourquoi occulter les souffrances des lesbiennes noires qui font l'objet d'une triple discrimination ? Sans compter avec les lesbiennes noires étrangères, qui font l'objet d'une quadruple
discrimination ? Ou des lesbiennes noires étrangères obèses, qui font l'objet d'une quintuple discrimination ? Et que dire des lesbiennes noires étrangères borgnes divorcées juives voilées
syndicalistes et membres du NPA ? Comme on voit, dans l'écologie du victimisme, les possibilités sont illimitées...
On ne peut que s'indigner devant cette tentative de récupération de la journée des femmes pour en faire une sorte de supermarché des revendications catégorielles, en mélangeant la question de l'insémination artificielle des lesbiennes avec l'égalité professionnelle hommes/femmes. Un mélange d'autant plus étrange que - faut-il rappeler ? - la moitié des "LGBT" sont des hommes. De quel droit fait-on des hommes homosexuels, bi ou trans des sortes de "femmes honoraires" pour la journée ?
Quant à la médaille d'argent du n'importe quoi pseudo-féministe, elle est décernée au service de communication du Ministère de l'Ecologie, du Transports et du Logement. Un ami cher me transmet en effet le communiqué suivant, publié dans l'intranet du ministère:
"En France, 75% des morts sur la route sont des hommes. Premières victimes, les hommes ont un comportement plus dangereux sur la route. En 2010, 92% des conducteurs impliqués dans un accident
mortel avec alcoolémie positive sont des hommes. Dans les accidents impliquant malaise ou fatigue, 78% des conducteurs sont encore des hommes.
A l’occasion de la journée de la femme, la direction de la sécurité et de la circulation routières lance une démarche d'engagement en invitant les femmes à signer un manifeste. Il s'agit d'un texte d’une quinzaine de lignes, par lequel elles s’engagent alors à ne plus se taire et à ne plus s’accommoder d’un comportement masculin dangereux qu’elles acceptaient jusqu’alors "par tendresse, par lassitude, par habitude"".
Notez bien les termes. D'abord, on nous bourre le mou avec des chiffres sorties de son contexte. Oui, dans les accidents impliquant malaise ou fatigue, 78% sont des hommes. Oui, 75% des morts sur la route sont des hommes. Mais on oublie convenablement de nous rappeler que les hommes conduisent beaucoup plus que les femmes, et que les métiers de la conduite (routiers, conducteurs de bus, chauffeurs de taxi) sont en très grande majorité des hommes. Si l'on se réfère aux kilomètres parcourus, 74% sont parcourus par des hommes au volant. On voit que finalement les hommes ne sont que très légèrement surréprésentés dans les accidents mortels.
Mais surtout, on peut se demander pourquoi la Direction de la sécurité et de la circulation routière invite "les femmes à signer un manifeste" en s'engageant a ne plus s'accommoder d'un comportement dangereux. Pourquoi les hommes ne pourraient pas, eux aussi, signer un tel appel. Pourquoi le réserver aux femmes ? N'est-ce pas là une inacceptable discrimination sexiste ?
La description du "manifeste" faite dans ce communiqué est un monument du comique: "en question est encore plus drôle: "Il s'agit d'un texte d’une quinzaine de lignes, par lequel elles s’engagent alors à ne plus se taire et à ne plus s’accommoder d’un comportement masculin dangereux qu’elles acceptaient jusqu’alors "par tendresse, par lassitude, par habitude"" (c'est moi qui souligne). On peut se demander pourquoi appelle-t-on les femmes (et elles seules, voir ci-dessus) à ne plus s'accommoder d'un "comportement dangereux" exclusivement lorsqu'il est "masculin". N'y a-t-il pas des femmes qui conduisent sous l'effet de l'alcool et des stupéfiants ? Qui conduisent fatiguées au risque de s'endormir ? Pourquoi diable les "comportements féminins dangereux", fussent-ils plus rares, seraient ils plus tolérables que les masculins ?
On retrouve en filigrane dans ce texte les pires stéréotypes sexistes: les femmes seraient par nature douces et respectueuses du prochain, en un mot, incapables de "comportement dangereux". Les hommes, par contre, sont eux aussi par nature violents et dangereux. Un préjugé rétrograde que les féministes "égalitaristes" ont combattu, avec l'aide de beaucoup d'hommes d'ailleurs, pendant des lustres. Et qui revient, déguisé de radicalisme, du bras du "féminisme de genre".
Devant ce féminisme haineux, profitons de cette journée du 8 mars pour réaffirmer le véritable féminisme. Celui qui affirme en toute occasion l'unité juridique du genre humain autour de droits et de devoirs égaux pour tous. Celui qui s'est battu pour que les femmes soient à l'égalité avec les hommes, et non pour qu'elles jouissent de "droits des femmes" distincts. Quant à l'autre féminisme, celui qui prétend diviser plutôt qu'unir... mieux vaut en rire.
Descartes
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