Lontemps, je me suis indigné de bonne heure... (Patrick Besson, paraphrasant Marcel Proust)
Ecrire cet article ne me fait pas plaisir. J'ai été de ceux qui ont cru, quand Jean-Luc Mélenchon a rompu avec le PS et créé le Parti de Gauche, que quelque chose de nouveau était en train de naître. J'ai cru, comme beaucoup d'autres, que le "parti-creuset" allait être le lieu des débats de fonds qu'aucune autre organisation de gauche ne semblait capable - ou intéressée - à mener.
Il n'a pas fallu bien longtemps pour que le PG et son principal dirigeant tournent le dos à toute réflexion de fonds pour reprendre le fonctionnement classique du gauchisme français. Sans méthode de travail, sans véritable élaboration, son discours politique se réduit de plus en plus à une enfilade de formules - "révolution citoyenne", "planification écologique", "VIème république" - auxquelles on hésite à donner un contenu précis et surtout cohérent. Même le discours volontariste perd de son efficacité à force de ne pas aborder sérieusement les problèmes. En fin de compte, il ne reste de ce discours qu'un "populisme" assumé: rejet des "importants" et des "belles personnes", jeu de massacre sur les personnalités du monde du journalisme et des médias, et un refus total de prendre en compte les faits dans un discours dont le seul ressort est l'indignation.
Le dernier livre de Jean-Luc Mélenchon (1) est une illustration jusqu'à l'absurde de cette posture. Il faut reconnaître que dès l'introduction de son ouvrage il annonce la couleur: "Ce livre n'est ni un manifeste ni un programme. L'un et l'autre sont a disposition, élaborés par les militants du Parti de Gauche (...) J'ai écrit ces lignes avec un autre objectif. Celui de faire partager un optimisme et un enthousiasme. Et répandre l'envie d'agir plutôt que d'ergoter" (2). Etrange conception dans laquelle il n'y a que le choix entre l'action et l'ergotage, sans aucune place pour la réflexion, l'étude, l'analyse: il ne faut pas trop réfléchir, ça pourrait conduire à "l'amertume". Considérer les faits tels qu'ils sont et non tels qu'on voudrait qu'ils soient conduit nécessairement à réaliser les contraintes auxquelles l'action politique est soumise, et donc à la désespérance. On est donc dans une conception ultra-volontariste qui se traduit logiquement par un mépris total du réel.
Un premier exemple est le titre du livre, qui est lui même un contresens. L'expression "que se vayan todos", traduite "qu'ils s'en aillent tous", est pour Mélenchon "le slogan par lequel a commencé chacune des révolutions qui, depuis dix ans, régénèrent, l'un après l'autre, les pays de l'Amérique du Sud". Ce n'est pas exact. Le slogan "que se vayan todos" a été inventé en Argentine en décembre 2001, et il n'a rien à voir avec une quelconque "révolution": plus banalement, il s'agit d'une révolte des classes moyennes inquiètes pour leurs sous (3).
Mais le deuxième contresens, le plus grave, est de croire que le "qu'ils s'en aillent tous" s'adressait uniquement au gouvernement du jour et aux oligarchies qui l'accompagnent. Le mouvement de rejet des classes moyennes argentines était bien plus vaste: c'était un rejet de tous les politiciens, des syndicalistes, des fonctionnaires, qu'ils soient liés à la majorité ou de l'opposition. Un rejet de tous ceux qui avaient eu, de près ou de loin, à gérer les affaires publiques. Jean-Luc Mélenchon se rend-t-il compte que le "que se vayan todos" dans sa version originale l'affecterait lui aussi, lui ancien sénateur, ancien ministre et député européen ? Réalise-t-il que le slogan qu'il adopte était, pour ses créateurs, résolument antipolitique ?
Cachez ces faits que je ne saurais voir...
Au delà de ce genre de contresens, le livre de Mélenchon laisse une impression d'inachevé. Le discours de l'indignation, qui passe si bien dans une tribune publique, devient caricatural à l'écrit. Les longues pages de description de la misère ou de l'injustice suivi d'un "c'est dément!" ou "c'est insupportable!" finissent par lasser. Les rodomontades du genre "[des millions de gens] iront prendre aux cheveux les importants parce qu'ils sont excédés de les voir piller (...)" (4) feront peut-être frémir quelques uns, mais ne pèsent pas lourd à l'heure de convaincre les (e)lecteurs que l'auteur sait où il va et qu'il est capable, demain, de gouverner. Je n'ai rien contre le lyrisme, mais lorsqu'il sert à cacher le creux du propos et surtout l'ignorance volontaire des faits, ça pose problème. Ainsi, Mélenchon use et abuse de la démonstration par "fausse référence". Prenons par exemple le paragraphe suivant:
"Les statistiques européennes sont indiscutables. Je le précise, car les chiffres que je vais citer ont été mis en cause bien des fois, comme s'ils avaient été inventés. M. Peyrelevade, l'ancien président du Crédit Lyonnais, s'est même ridiculisé en me traitant de menteur à ce sujet dans Le Monde. Je mentionne l'anecdote pour montrer qu'il y a des chiffres dont la propagation est un enjeu. Au cours des vingt-cinq dernières années, le partage de tout ce qui a été produit par les français s'est modifié de la façon la plus brutale qui soit. Dix points de la richesse totale produite sont passés de la poche des producteurs à celle des rentiers." (5)
Prenons ces affirmations en détail. Il y a d'abord ce "les statistiques européennes sont indiscutables". Ah bon ? Pourquoi tout à coup cette révérence pour Eurostat, surtout concernant des chiffres qui sont nationaux par essence ? Révérence d'autant plus suspecte que l'auteur "cite des chiffres" mais se garde bien de donner la moindre référence précise sur l'endroit d'où elles sont extraites, se contentant d'un vague renvoi sur la page d'accueil du site internet d'Eurostat. Ensuite, vient la référence négative à Peyrelevade dans Le Monde - horresco referens - comme si la condamnation de l'un et de l'autre étaient les meilleures garanties non seulement que les ciffres sont exactes, mais que leur propagation "est un enjeu". Le problème, c'est que les chiffres sont fausses, du moins selon l'INSEE: on peut télécharger ici le tableau du partage de la valeur ajoutée produite. En 1984, la part de la valeur ajoutée rémunérant les salariés était de 61,2%. En 2009, dernier chiffre connu, elle était de 58,4. Au cours des vint-cinq dernières années les salariés ont perdu un peu moins de 3%, et non pas "dix points". Les références à Eurostat et à la querelle Mélenchon-Peyrelevade n'ont ici pour objet que de fournir des "fausses références" à une affirmation qui - soyons aimables - ignore allègrement les faits statistiques.
Même problème avec les chiffres de la pauvreté: "Il y a 8 millions de pauvres dans notre pays. De 2004 à 2007, dernière statistique publiée, leur nombre a bondi de plus d'un million" (6). Là encore, notons qu'il n'y a pas la moindre référence qui permette de vérifier ces chiffres. Ce qui est gênant, parce que le dernier chiffre est inexact: il y avait en 2004 7,4 millions de pauvres, et 8 millions en 2007. Ce qui fait un "bond" de 600.000, et non pas "de plus d'un million". J'ajoute que le dernier chiffre disponible est celui de 2008, et non pas de 2007. Il y avait alors 7,8 millions de pauvre, soit à peine 400.000 de plus qu'en 2004. Ajoutons que le nombre de pauvres oscille au gré des cycles économiques depuis 40 ans autour des 8 millions. Le tableau INSEE complet est consultable ici.
Vous me direz que "j'ergote". Et bien non. Ces erreurs, ces contresens, cette tendance à inventer ou "adapter" le réel a ses préjugés est un problème sérieux. D'une part, parce qu'ils rendent impossible toute analyse sérieuse de la réalité. Et d'autre part, parce qu'ils enlèvent toute crédibilité aux propositions qu'on peut soumettre aux français. Ainsi, sa proposition de "salaire maximum", qui est à mon avis la meilleure - je dirais même la seule - bonne idée du livre et qui mériterait d'être défendue avec des arguments factuels et économiques sérieux se trouve noyée dans cette mer d'approximations. Comment alors y croire ?
Une constituante pour quoi faire ?
Le premier chapitre du livre de Jean-Luc Mélenchon est consacré à la "réfondation républicaine", qui pour lui passe entre autres choses par une constituante. Pourquoi ?
Parce que "C'est la condition pour que les pouvoirs soient à nouveau légitimes" (7). Seulement voilà, le procès que Mélenchon instruit sur la "légitimité" des pouvoirs repose sur des
bases relativement faibles dès lors qu'on creuse le discours de l'indignation. Ainsi, l'auteur déclare que "Tout ce qui dans notre société incarne une quelconque forme d'autorité est entraîné
dans le siphon du dégoût (...) Les enquêtes d'opinion montrent un gouffre de mépris pour les élus, les journalistes, les magistrats, les policiers" (8). Au délà du choix discutable des
"figures d'autorité" (depuis quand le journaliste "incarne une forme d'autorité" ? Et pourquoi ne pas avoir inclus dans la liste l'instituteur ou le professeur, figures d'autorité s'il en est...)
on aimerait savoir quelles sont les "enquêtes d'opinion" sur lesquelles cette affirmation se fonde. De même, Mélenchon appuie sa démonstration sur les faibles participations électorales aux
différentes élections depuis 2007. Mais si la tendance lourde est depuis longtemps à une baisse de la participation dans les scrutins européens ou locaux, la participation à l'élection
présidentielle ne diminue pas. Ce serait plutôt le contraire: l'abstention en 2007 était de 16% au second tour et de 16,2% au premier, le meilleur résultat depuis 1981 et 1974 respectivement. Si
l'on suit le raisonnement de Mélenchon, le seul "pouvoir légitime" serait donc celui du président de la République, ce même président-monarque qu'il voudrait voir supprimer dans sa "VIème
République"...
En fait, la lecture de ce chapitre donne l'impression que la Constituante intéresse Mélenchon en tant que processus, et non en tant qu'outil d'évolution institutionnelle. En fait, le chapitre ne donne aucune piste sur le fonctionnement possible de la "VIème République" qui pourrait sortir de cette constituante. Il se limite à souhaiter "un bon régime parlementaire stable", sans aucune précision sur comment ce miracle pourrait-il être achevé. Par contre, il illustre le processus de la constituante par de nombreuses références latino-américains sur l'intérêt du processus constituant pour faire prendre conscience au peuple de son pouvoir.
Les rêveries antinucléaires du promeneur solitaire...
Sur la question écologique, on peut se féliciter que Jean-Luc Mélenchon renonce à la vision romantique de la nature pour renouer avec l'humanisme des lumières: "Je ne crois pas que nous devions sauver la planète. Elle se fiche bien de nous. La Terre pourrait rouler dans l'espace infini sans aucune vie (...) Ne perdons donc pas de vu l'objt de notre action écologique. Nous luttons "seulement" pour sauvegarder l'écosystème qui rend possible la vie humaine" (9). Et de conclure: "C'est dire qu'il n'est pas utile de céder aux élucubrations métaphysiques du New Age ni aux célébrations de la "Pacha Mama" et autre déesse "terre-mère" pour agir efficacement. L'écologie politique pose avant tout une exigence de rationalité et de responsabilité très humaine". Loin semble être le temps ou le même Mélenchon félicitait les équatoriens de leur nouvelle constitution, la "première constitution écologique du monde" qui proclamait les "droits de la nature" en ces termes: "La nature ou Pacha Mama, lieu ou se reproduit et se realise la vie, a le droit au respect intégral de son existence et la conservation et régénération de ses cycles vitaux, structure, fonctions et processus évolutifs" (10). Est-ce que ce charabia correspond à "l'exigence de rationalité" ? Mélenchon devrait en parler à son ami Correa...
Mais après ce bon commencement, cela dérape sérieusement et l'à-peu-près reprend ses droits. Le paragraphe concernant le nucléaire est de ce point de vue un must:
"Je tiens le même raisonnement à propos du nucléaire. Il faut en sortir. Progressivement et méthodiquement. En construisant un nouvel appareil de production énergétique public, fournissant une énergie bon marché et propre. La folie, c'est de dire qu'on va continuer à produire de l'énergie avec un système dont un seul accident peut équivaloir à toutes les catastrophes que le pays ait connu depuis qu'il existe. Et qui, de plus, laisse des déchets nuisibles jusqu'à la fin des temps. Ce qui n'est pas rationnel, c'est de vouloir continuer. Il n'est pas vrai que ce soit impossible ! D'une façon générale, il n'est jamais vrai qu'une seule manière de faire soit possible. La sortie du nucléaire est réaliste. Etalée dans le temps nécessaire, elle est jouable. (...) Pour ma part, j'ai été convaincu par les techniciens et les ingénieurs pour qui la ressource géothermique, sous ses différentes formes, peut prendre le relais de la production assurée par le nucléaire. Et la chaleur du sol et du sous-sol profond, elle, est vraiment renouvelable" (11).
Arrêtons ici la lecture pour poser quelques questions. Passons sur l'absurdité contenue dans l'affirmation "la chaleur du sol et du sous-sol profond est vraiment renouvelable" et concentrons nous sur la démonstration: Mélenchon martèle donc que "sortir du nucléaire, c'est possible". Mais quels sont ses arguments ? Que "d'une manière générale, il n'est jamais vrai qu'une seule manière de faire soit possible". Est-ce vraiment sérieux ? Une affirmation générale, que d'ailleurs rien ne prouve, peut-elle se substituer à une analyse sérieuse ? Non, bien sur. Pas plus que le "j'ai été convaincu par les techniciens" de Mélenchon, qui se garde bien de dire qui sont ces "techniciens et ingénieurs" ou de citer leurs arguments. Nous sommes priés de croire que, puisque leurs arguments ont été suffisants pour convaincre Jean-Luc, ils doivent être solides. Tout ça n'est pas sérieux.
Pas sérieux non plus les arguments issus du terrorisme intelectuel. Non, "un seul accident" nucléaire ne saurait "équivaloir à toutes les catastrophes que le pays ait connu depuis qu'il existe". D'abord, parce qu'il semble difficile d'établir une telle équivalence. Quels critères prendre ? Le nombre de morts par exemple ? Difficile d'imaginer un accident nucléaire équivalent à la grippe espagnole de 1918 (un demi million de morts en France, plus de 60 millions dans le monde)... Même chose avec les déchets: s'il est vrai que le nucléaire "laisse des déchets nuisibles jusqu'à la fin des temps", c'est le cas aussi pour l'ensemble de l'industrie. Les déchets de mercure, d'antimoine, d'arsenic laissé par les industries métallurgiques sont nuisibles et le seront pour l'éternité, bien plus longtemps que les déchets radioactifs, puisqu'étant des éléments stables leur durée de vie est illimitée. Mélenchon propose-t-il d'arrêter le travail de toutes les industries qui produisent des déchets "nuisibles jusqu'à la fin des temps" ?
Mais reprenons le texte, car tout n'a pas été dit. Repartons dans le délire:
"En combinant [la géothermie] avec les économies d'énergie, on tient l'essentiel de la solution de remplacement. L'indépendance énergétique serait garantie pour toujours. Pas avec le nucléaire ! On nous rabâche tout le temps l'inverse. Mais on tait que le nucléaire dépend entièrement d'un combustible rare, l'uranium. La France n'a plus un seul gramme dans son sol. Nous serions lourdement dépendants de cette ressource non renouvelable si nous relancions le nucléaire, comme le veut Sarkozy. D'autant que ce combustible va devenir de plus en plus convoité - il n'y a de réserves mondiales d'uranium que pour 80 ans" (12)
Soulignons la référence "comme le veut Sarkozy", un exemple de plus du terrorisme intelectuel qui prend la place de l'argumentation sérieuse. Mélenchon semble oublier que Sarkozy est loin d'être le seul à vouloir relancer le nucléaire. Sans aller plus loin, les communistes, alliés de Mélenchon dans le Front de Gauche, y sont aussi favorables...Alors, pourquoi utiliser ici le nom de Sarkozy, qui n'ajoute rien à l'affaire ?
Pour le reste, le paragraphe est truffé d'affirmations directement fausses. D'abord, l'uranium, loin d'être un "combustible rare", est au contraire relativement abondant. Que les réserves mondiales connues couvrent les besoins prévisibles pour une période proche d'un siècle ne veut rien dire: si l'on n'a pas trouvé plus, c'est en général parce que l'on n'a pas cherché. Et si l'on n'a pas cherché, c'est justement parce que l'uranium étant relativement bon marché, parce qu'abondant, les entreprises minières n'ont pas jugé nécessaire d'explorer des gisement moins riches ou plus difficiles d'exploitation. C'est d'ailleurs pour cette raison que les mines françaises ont été fermées, et non pas parce qu'il ne resterait "pas un gramme dans le sol". Et pour finir, même si toutes les mines étaient épuisées, l'eau de mer contient de l'uranium avec une concentration d'une dizaine de milligrammes par mètre cube. L'exploitation de ces réserves n'est pas économique aujourd'hui, mais pourrait le devenir si le prix de l'uranium montait...
Tout ça n'est pas sérieux. Que Mélenchon soit enthousiaste, qu'il pense qu'on peut toujours faire autrement, soit. Qu'étant totalement ignare sur ce sujet il se laisse convaincre par Dieu sait quels charlatans que la géothermie peut remplacer le nucléaire, c'est déjà plus gênant. Mais le pompon, c'est la reprise acritique du discours du terrorisme intelectuel style "sortir du nucléaire". Comment aller réclamer un débat rationnel sur ces questions lorsque "nucléaire=Sarkozy" devient un argument ?
Conclusion: A quand un livre politique ?
Le problème du "Front de Gauche" est un problème de crédibilité. Ce livre ne fait rien pour résoudre le problème, au contraire. Il aurait fallu un livre montrant un Mélenchon capable non seulement d'avoir des idées cohérentes et de les expliquer, mais surtout un Mélenchon disponible pour consulter sur les sujets qu'il connaît mal des personnes compétentes et pour prendre à son compte leurs idées.Ce devait être le livre d'un futur candidat à la présidence de la République, ou du moins, d'un homme d'Etat prêt pour l'être.
On se retrouve avec un opuscule qui révèle au contraire les points faibles de Jean-Luc: Le rejet de l'expertise et des experts, la tendance à une réflexion solitaire et sans confrontation, le mépris des faits et du travail analytique pour privilégier l'action, la tendance à reprendre des discours figés et des slogans pour leur valeur de communication sans se soucier de leur donner un "corps". J'en suis le premier désolé de devoir le dire, mais "qui aime bien châtie bien".
Descartes
(1) "Qu'ils s'en aillent tous", Flammarion, 2010
(2) Op. cit. page 19
(3) Depuis les années 1990, l'Argentine vivant sous le régime de la "convertibilité", qui permettait une parité fixe entre le dollar et le peso argentin, la banque centrale s'engageant à n'émettre des pesos qu'a concurrence de ses réserves en dollars, et à échanger les deux monnaies sans limitation à une parité fixe un peso = un dollar. Le système pénalisait les couches populaires, puisqu'un peso surévalué avait pour conséquence un chômage massif. Les grands bénéficiaires de la "convertibilité" étaient les classes moyennes aisées, grandes consommatrices de voyages et de produits importés. Mais la "convertibilité" ne faisait que cacher l'inflation sous-jacente. Vers le début des années 2000, la parité réelle était si différente de la parité "convertible" que l'économie entre en profonde récession. La "convertibilité" devenant de plus en plus intenable, le gouvernement argentin (celui de De La Rua, le successeur radical du péroniste Menem, créateur de la "convertibilité") décide l'abandon de la convertibilité. Pour éviter une panique bancaire, il décide aussi que les avoirs déposés dans les banques seront bloqués, et ceux libellés en dollars convertis en pesos. Là encore, ce sont les classes moyennes, détentrices de dépôts importants et souvent libellés en dollars, qui sont visées. Et ce sont elles qui se révoltent. Faire de la "révolution" de décembre 2001 autre chose qu'une révolte des classes moyennes défendant leurs économies (celles-là même qu'elles avaient faite grâce à la "convertibilité" sur le dos des couches populaires) est un contresens historique.
(4) Op. cit. page 11
(5) Op. Cit. page 51
(6) Op. Cit. page 53
(7) Op. Cit. page 26
(8) Op. Cit. page 31
(9) Op. Cit. page 91
(10) Constitucion de la Républica del Ecuador, 28 de septiembre 2008, Articulo 71: "La naturaleza o Pacha Mama, donde se reproduce y realiza la vida, tiene derecho a que se respete integralmente su existencia y el mantenimiento y regeneración de sus ciclos vitales, estructura, funciones y procesos evolutivos".
(11) Op. Cit. page 106
(12) Op. Cit. page 106
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